Nos Histoires

Rencontrez notre duo de vinificateurs

Emmanuel, Éric pouvez-vous nous parler de vous ? Quels ont été vos différents parcours avant de rejoindre le Château de Pommard ?


Éric : Je suis arrivé en Bourgogne en 2011 après avoir fait des études de mathématiques et de finance, et une brève expérience dans les assurances. J’ai travaillé par la suite en Bourgogne dans plusieurs domaines, en Côte de Nuits et Côte de Beaune, j’ai également voyagé en Australie, Nouvelle-Zélande et Californie. Cela fait deux ans et demi que je suis au Château de Pommard, depuis décembre 2017. 


Emmanuel : Ça va être un peu plus long pour moi ! J’ai commencé par un BTS Viticulture-Oenologie à Beaune avant d’être mobilisé par l’armée pendant un an en Allemagne. J’ai ensuite trouvé mon premier job chez Josmeyer, où je suis resté cinq ans. En Alsace, j’ai également fait de la vente de produits viti-vinicoles. Ensuite je suis revenu en Bourgogne, où j’ai été formateur-coordinateur au CFPPA d’Auxerre La Brosse pendant cinq ans avant de déménager de nouveau, cette fois dans le sud à Bandol. Là-bas, j’ai d’abord été responsable d’exploitation du Château Vannière, puis j’ai repris la direction du Domaine du Château Vert à La Londe-Les-Maures. Je suis arrivé au Château de Pommard en 2007, après avoir suivi une formation au CFPPA d’ingénieur des travaux agricoles à Dijon.



En quoi consistent vos rôles respectifs ? Comment travaillez-vous ensemble ?


Éric : Nous travaillons ensemble à la cuverie et nous prenons toutes les décisions à deux. Le fait est que nos points de vue sont très rarement divergents. Nous formons une bonne équipe et avançons dans la même direction. Par exemple, lors de l’assemblage du Clos Marey-Monge, nous goûtons, testons et réalisons l’assemblage final conjointement.


Emmanuel: Je dirais que nous nous enrichissons mutuellement, que nous sommes complémentaires. Travailler avec Éric m’a ouvert l’esprit, notamment sur les vinifications. Par exemple, on ne faisait jamais de vendanges entières auparavant, tous les raisins étaient vinifiés sans leurs rafles. Ces changements qu’apportent Éric améliorent concrètement la qualité du vin, le goût final de nos cuvées. En effet en 2018, plusieurs essais avaient été faits, notamment sur Simone. En 2019 nous poursuivons ces changements sur l’ensemble du Clos.



Emmanuel, cela fait plus de 10 ans que vous êtes directeur technique du Clos Marey-Monge. Quels sont les changements que vous avez mis en place depuis 10 ans ? Quelles évolutions avez-vous constaté au sein du Clos ?


Emmanuel : La première année je n’ai rien changé. J’ai passé mon temps à regarder, étudier, travailler dans les vignes. Je voulais comprendre le Clos. C’est à partir de la deuxième année que j’ai choisi d’instaurer des changements, à commencer par l’arrêt du désherbage chimique. J’avais déjà en tête de passer le Clos en bio à minima, mais surtout en biodynamie. J’étais convaincu par mon expérience chez Josmeyer. L’ancien propriétaire s’est montré peu réceptif, et la main d’oeuvre manquait : nous n’étions parfois que 4 pour tout le Clos. La grosse révolution a été l’étude sur les sols qui composent le Clos, réalisée par le couple Claude et Lydia Bourguignon en 2009. Le travail parcellaire était déjà pratiqué dans le Clos, mais il manquait cette base scientifique qui nous a permis de mieux comprendre de quoi est fait notre terroir. Depuis 2016 avec la conversion en bio et en biodynamie, l’approche sur le Clos a radicalement changé, dans le vignoble comme en cuverie. Le cahier des charges Demeter nous a poussé à nous réinventer dans nos pratiques de vinification.

Éric, pourquoi avez-vous décidé de rejoindre l’équipe de vinification du Château de Pommard ? 


Éric : L’ouverture à l’innovation, au-delà de ce qui était déjà développé, était un élément essentiel : le passage en bio récent, et la conversion vers la biodynamie. Pour moi la biodynamie n’est pas une fin en soi, nous aimerions aller plus loin en commençant par réintroduire de la biodiversité au sein du Clos -des animaux, des arbres, des fleurs-. Je voulais également limiter le travail du sol grâce aux couverts végétaux. Ces idées ont été bien reçues lors de mon entretien d’embauche, ce qui m’a convaincu de la sincérité et de la motivation du projet. Le Clos est l’endroit parfait pour ce type d’innovations.



Que signifie la biodynamie pour chacun d’entre vous ? Est-ce un mode de fonctionnement que vous avez également adopté dans votre vie personnelle ?


Emmanuel : Je suis moins éco-responsable que Éric. Nous sommes d’une génération différente et j’ai pris des mauvais plis. À l’époque on consommait sans compter. Aujourd’hui je dois me faire violence pour consommer mieux, alors que Éric produit son compost chez lui depuis longtemps.


Éric : Je mange bio et local exclusivement. C’est quelque chose que j’applique au quotidien. Je viens en vélo tous les jours au boulot, j’utilise aussi peu que possible ma voiture. 



Quelles sont vos visions respectives pour le Clos Marey-Monge ? Comment l’imaginez-vous dans 10 ans (et plus) ? 


Éric : Nous souhaiterions nous tourner vers l’agroécologie : pouvoir fonctionner de manière plus autonome en faisant notre propre compost par exemple, sur le modèle de ferme autonome comme ce que l’on voit au Domaine Prieuré Roch.


Emmanuel : La biodynamie sur un modèle de monoculture n’a pas de sens. C’est toujours mieux que l’agriculture conventionnelle mais la clef est dans la diversité ! Il va falloir régénérer les vignes, puisque certaines parties du Clos sont très anciennes. 



Quelle est votre relation avec le Clos Marey-Monge ? Avez-vous des anecdotes liées au vignoble ?


Emmanuel : Il y avait plein de lapins dans le Clos avant. Une année on devait tirer un feu d’artifices mais tous les fils avaient été rongés en début de soirée… Je me souviens aussi d’un chevreuil qui n’arrivait pas à sortir du Clos et avait fini par sauter par dessus le mur. 


Éric : Moi ce qui me marque, c’est que le Clos parait tellement petit alors que c’est énormément de travail ! On ne voit pas le bout des rangs quand on est dedans, dans des parcelles comme Grands Esprits par exemple.